Chapitre treize : Tout est différent maintenant

« Non, mais vous pouvez pas me faire ça, pas encore, pas aujourd'hui. »
Baptist serra son poing dans son dos mais il savait aussi que malgré ses protestations, il ne pourrait rien y changer. Sa patronne avait décidé de le faire travailler plus que d'ordinaire, plus que les autres employés. Il avait du partir quelques jours en France pour une affaire et aujourd'hui, il ne pourrait même pas profiter de son week-end. Pourtant, il avait besoin de ce boulot et l'argent qu'il gagnait tous les mois grâce à ce poste avait considérablement amélioré sa vie mais pourtant, il ne se sentait pas prêt à autant de sacrifices. Et ce qui l'agaçait plus que tout, c'était que des fois, sa patronne semblait le faire exprès, comme si elle se faisait un plaisir de le tester, de voir jusqu'où il était capable d'aller pour son boulot. Pour lui, le travail n'avait jamais été plus important que sa vie de famille mais il avait un peu revu ses convictions. Comment pourrait-il regarder son fils en face s'il se faisait virer, s'il n'avait plus de boulot et aucune perspective d'avenir pour acheter une maison et y vivre avec Nathan. Le pire dans tout cela, c'est qu'Evelyn savait qu'il avait un enfant, elle savait qu'il comptait plus que tout pour lui et pourtant, cela ne l'empêchait pas de lui faire des coups comme cela. Ils avaient longuement échangé sur leurs enfants respectifs et cela le décevait presque. Mais Zimmer restait une femme d'affaires avec une poigne de fer et il se doutait bien qu'il en fallait pour avoir une société qui marchait aussi bien. Toujours debout, impeccablement habillé dans son costume tout neuf, il avait toujours les mains dans le dos et le visage impassible malgré ce qu'il pouvait penser d'elle en ce moment. Il rêvait de l'envoyer chier mais c'était impossible. Lorsqu'elle lui jeta un regard, il soutenait un instant ses yeux avant de regarder le sol. Elle se permit alors de le congédier et il sortit du bureau, toujours autant énervé contre elle.

Il refréna une envie de foutre un coup de pied dans la poubelle qui traînait dans le couloir mais il se retint. Son visage était à présent crispé et ses collègues savaient alors qu'il valait mieux rien dire. Pourtant, il ne pu s'empêcher de surprendre des messes basses lorsqu'il pénétra dans le bureau qu'il partageait avec deux autres détectives. Il leur jeta un regard noir.
« Quoi ? »
Il s'attendait à ce qu'il lui parle de la boss mais pas du tout. L'un des deux a eut le courage de l'ouvrir et de lui parler d'unknown. Evidemment, Baptist ne connaissait pas cette personne et encore moins son blog. Ce dernier n'existait pas encore lorsqu'il a été incarcéré et depuis son retour à la réalité, il n'avait qu'un faible accès aux ordinateurs à son boulot et pas question de perdre son temps sur des sites aussi idiots. Mais là, qu'on parle de lui l'intriguait. Il était penché au dessus de l'ordinateur et ne pu faire autrement que se laisser tomber sur le fauteuil de son collègue. Non, c'était pas possible, comment Nathan avait-il pu écrire ça sur lui. On lui aurait planter un poignard en plein coeur que ça n'aurait pas été pire. D'accord, cela faisait quinze jours qu'il l'avait retrouvé et il n'avait pas pu passer beaucoup de temps avec son enfant mais pour rien au monde, il ne voulait qu'il reparte, bien au contraire.

Assis, sous le regard interrogateur de ses collègues, il réfléchissait à toute allure. Il avait du mal à se concentrer et les mots dansaient devant ses yeux. Il finit par se lever et par se diriger directement vers son porte-manteau. Il attrapa sa veste.
« Tu vas où Baptist ? On a du boulot »
Qu'importe le boulot, il devait voir son fils, lui parler, lui expliquer. Quelques minutes plus tard, il était dans la rue, dans la neige et il marchait. Il ignorait où habitait son fils et son ex-femme mais il allait bien trouver un moyen de le joindre. Il se décida d'aller au stade de foot. Avec un peu de chance Nathan et son équipe auraient un match et il pourrait le voir. Tous les enfants sortaient du stade et Baptist regardait en espérant apercevoir son fils avec ses camarades mais rien. Il fit quelques pas avant de le voir.
« Nathan ? Il faut que je te parle »
A grands pas, il se rapprochait de son enfant. Est ce qu'il accepterait de l'entendre ?
« Te fatigue pas. »
Jamais Baptist n'aurait pensé que de tels mots puissent sortir de la bouche de Nathan. Ce qu'il avait écrit sur ce blog était pire que tout et cela avait totalement assommé Baptist. Il se sentait coupable, il se sentait responsable du mal être de son fils. Il n'avait pas été à la hauteur, il avait déçu son fils alors qu'il pensait bien faire. il s'était planté sur toute la ligne, il avait fait le mauvais choix et il devait absolument parler à son fils avant que celui-ci ne se décide à quitter l'Irlande. Il avait alors décidé de quitter son boulot, sans prévenir sa patronne, sans faire son travail de la journée. Il ne savait pas encore quelles seraient les conséquences mais il n'en avait que faire. Pendant les deux dernières semaines il avait trop négligé son fils par rapport à son travail et c'était fini ça, plus jamais. Il avait pensé, à tord, qu'en travaillant plus, il gagnerait plus rapidement de l'argent et qu'il pourrait quitté la maison hanté pour au moins trouvé une chambre d’hôtel ou un studio. Mais ses comptes étaient toujours dans le rouge et son fils lui manquait. Il ne voulait pas passer pour un looser. Avouer qu'il était à la rue, qu'il ne mangeait guère à sa faim, qu'il se douchait uniquement à la piscine et qu'il avait à peine plus que deux pantalons et deux t-shirts serait trop difficile pour lui. Il ne voulait pas voir de la tristesse, de la pitié ou pire encore de la honte dans les yeux de son fils. Aujourd'hui, il n'avait qu'une envie, c'était de rétablir la vérité et de s'excuser. Mais il connaissait le caractère de son enfant et il savait qu'il serait dur avec lui, que se faire pardonner ne serait en rien une partie de plaisir. Mais au niveau de la détermination, Baptist n'avait rien à envier à Nathan et aucun doute qu'il serait capable de tout pour que Nathan l'écoute.

A peine leurs regards s'étaient croisés que Baptist sentit beaucoup de haine chez son fils. Il s'arrêta quelques instants et regarda Nathan prendre son sac et se diriger vers la sortie sans même le regarder. L'ignorance, c'était encore pire que tout mais pas question de flancher maintenant. Il entendit le ton dur et sec de Nathan qui semblait vouloir couper court à la discussion mais pas question. Baptist se mit à marcher derrière lui. Il cherchait ses mots.
« Comment tu peux croire ces conneries Nate ? Tu me connais mieux que personne »
Il n'en revenait pas que son garçon puisse croire ce qu'une inconnue racontait. Mais cela était tellement plus simple aussi d'en vouloir à son père sans l'écouter, de se réfugier derrière le blog d'unknown peut-être pour cacher ses craintes.
« Nate, tu veux pas t'arrêter deux minutes pour parler, que je t'explique.
- M'expliquer quoi? Depuis qu'on s'est retrouvé, on se voit jamais nous deux. Tu viens juste pour me voir jouer au foot, et aujourd'hui t'étais même pas là. J'ai l'impression de compter moins que lui pour toi. Mais t'es mon père, pas le sien. Comment elle saurait que tu passes plus de temps avec lui qu'avec moi si c'était pas vrai? En tout cas, lui il a pas démenti ce que disait Unknown sur son blog quand je suis allé le trouver dans la cour de récréations pour m'expliquer avec lui... Alors oui, je la crois. »
Il ne fallait pas croire que cette situation plaisait à Baptist. Il aurait tellement aimé pouvoir jouer avec son fils aussi souvent qu'avant, lorsqu'il était médecin, lorsqu'il avait de l'argent et qu'il pouvait ne travailler qu'à mi-temps. D'ailleurs, son job de médecin était plus une passion qu'un véritable métier et il savait que jamais il n'aurait pu arrêter de bosser. Mais il était disponible pour son fils tous les jours. Il l'aidait à faire ses devoirs, il lui faisait à manger, ils allaient faire les courses ensemble et ils passaient du temps dans le parc à jouer au foot. Mais aujourd'hui, c'était différent. Baptist travaillait parce qu'il n'avait pas le choix. Cela ne lui plaisait guère de devoir prendre les gens en filature, de devoir prendre des photos compromettantes mais il n'avait pas le choix. S'il ne faisait pas cela, il ne pourrait même plus manger et à force, cela pourrait être très dangereux pour sa santé. Sans compter qu'Evelyn avait été la seule à lui proposer du boulot malgré ses trois années de prison. Il comprenait à présent ce que vivaient la plupart des hommes, ceux qui n'avaient pas eu la "chance" de naître avec une cuillère en argent dans la bouche. Mais il savait aussi que ce serait difficile de le faire comprendre à Nathan sans tout lui révéler. Pas question de lui dire qu'il ne mangeait pas toujours à sa faim ou qu'il dormait à même le sol. Ce serait trop humiliant. Mais malgré cela, hors de question de se mettre à regretter le bon vieux temps. Il était libéré de l'emprise de ses parents, il vivait une vie comme tout le monde, avec ces avantages et ses inconvénients aussi mais il n'avait plus les parents Levingston sur le dos à lui dire quoi faire, comment le faire et avec qui le faire.

Baptist s'arrêta lorsque Nate daigna enfin se stopper et le regarder. Mais le ton de sa voix était dur et Baptist avait mal. Pourtant, il ne baissait pas les yeux et continuait de soutenir le regard de son fils.
« Est ce que tu lui en a laissé le temps de démentir ? »
Baptist savait que son fils avait plutôt l'habitude de cogner avant même d'entendre les explications de quelqu'un. Il était bagarreur et cela ne lui venait pas de ses parents. Et Levingston savait aussi que son filleul n'était pas du genre à répliquer surtout avec son meilleur ami. A tout les coups, Nate n'avait pas attendu que Célian se justifie. D'ailleurs le petit garçn prit bien soin de ne pas répondre à la question de son père.
« Je voudrais aussi être important... Que tu passes du temps avec moi comme tu le fais avec Célian, parce que tu as envie de le faire, et pas seulement parce que je vais pas bien et que tu te sens obligé, comme aujourd'hui.
- Je ne me sens pas obligé de le faire. »
Que Nathan puisse penser que son père ne le faisait pas par plaisir lui faisait très mal. Ils devaient s'expliquer.
« C'est vrai que j'ai retrouvé Célian à peine un mois après ma sortie de prison. J'ai appris le décès d'Eléa et j'ai alors fait en sorte de passer du temps avec lui. C'est vrai qu'on avait l'habitude de se voir tous les samedi pour passer la journée ensemble. Alors oui, elle a raison, j'ai passé du temps avec lui, mais c'était avant que tu revienne et ce n'est en aucun cas parce que je l'aime plus que toi. Tu restes mon .... fils »
Il ne savait pas si Nate était au courant du décès d'Eléa et il ne mit pas longtemps à avoir la réponse.
Il sentit alors la tristesse de Nathan et compris alors que Celian ne lui avait rien dit pour Eléa. Il se sentait alors mal de lui avoir annoncé de la sorte. Il se baissa à la hauteur de son garçon et aujourd'hui, c'est lui qui fit le premier geste pour le prendre dans ses bras. Il avait fallu plusieurs jours à Baptist pour accepter la mort de sa meilleure amie et il savait que cela serait difficile aussi pour Nate mais il serait là pour l'aider à surmonter cela.
« Nate, tu sais que tu n'es pas obligé de te retenir devant moi, hein ? Des fois, pleurer ça fait du bien et il ne faut pas retenir les larmes. Mais elle est au paradis, elle est heureuse là haut et elle veille sur nous tous. »
Il se souvenait d'avoir dit sensiblement les mêmes mots à Célian mais celui-ci n'avait pas eu une réaction très positive, la faute à certains adultes qui n'avait aucune compassion pour un enfant de dix ans.
« Elle était super. Y'avait pas mieux qu'elle. C'est pas juste qu'elle soit partie. Qu'est ce qui lui est arrivé ?
- Elle a été tué dans la fusillade du centre commercial en 2011
- Heureusement que Célian n'était pas avec elle quand c'est arrivé. Ca aurait été trop dur de le perdre lui aussi. »
Baptist se souvenait des nombreuses activité qu'ils faisaient tous les quatre, Eléa, Celian, Nate et lui. Il se rappelait qu'il avait souvent demander à Maddie si elle voulait les accompagner mais elle prétextait du boulot, un rendez vous avec une amie ou la fatigue pour ne pas venir avec eux. En même temps, c'est pas certain que quelqu'un ait été déçu de ses refus. Eléa n'aimait pas Maddie et se demandait des fois comment son meilleur ami faisait pour rester avec une fille comme elle, qu'il méritait certainement mieux, Nathan n'appréciait pas sa mère et cela augmentait son animosité envers elle de la voir refuser ces sorties en famille. Baptist savait aussi que si c'était pour se faire critiquer, pour qu'elle ne cesse de rouspéter ou d'engueuler Nate toutes les deux secondes, il fallait mieux qu'elle ne vienne pas. Et puis autant dire que tous les autre appréciaient ces moments où ils allaient boire un verre en terrasse, se balader en pédalo sur le lac, jouer dans la neige ou bien jouer au foot dans le parc. Baptist se souvenait qu'il n'arrêtait pas de charrier Eléa parce qu'elle ne savait pas jouer et lorsqu'elle réussissait à le dribbler, il l'attrapait par la taille et la soulevait pour récupérer le ballon avant elle. Une fois même, elle s'était tellement débattu qu'il avait perdu l'équilibre et qu'ils s'étaient retrouvé tous les deux par terre. Les garçons n'avaient pas laissé un moment de trouble s'installer et ils s'étaient jetés sur eux dans un grand fou rire.

Cette mort là, avait peiner beaucoup de monde, il faut dire que la jeune mère de famille n'avait pas beaucoup d'ennemis. C'était quelqu'un de gentil, de généreux, de doux et qui était toujours souriant. Certes, elle n'avait pas sa langue dans sa poche mais elle n'était pas méchante pour deux sous, bien au contraire. Baptist la connaissait depuis ses dix et Nate depuis sa naissance. Autant dire que pour les deux hommes, elle faisait partie de la famille et cela était très difficile à l'accepter. Il sentait l'emprise de son fils qui le serrait de toute ses forces et Baptist ne pu lui aussi s'empêcher de laisser couler ses larmes. Il l'avait trop peu fait depuis qu'il avait appris son décès, se refusant cela lorsqu'il était avec son filleul. Il voulait se montrer fort pour permettre à Celian de surmonter cela mais c'était plus facile à dire qu'à faire.
« Je comprends qu'il ai eu besoin de toi. Et que tu ai voulu aller le voir. J'aurais aussi compris que tu veuilles passer du temps avec lui, en plus, il ressemble beaucoup à Eléa. Elle doit pas être fière de moi pour ce que j'ai fais à Célian. »
Ce moment de tristesse que partageait le père et le fils les aiderait certainement à surmonter cette mort injuste. Et Baptist savait aussi que Nate comprendrait alors pourquoi son père s'était appliqué à passer beaucoup de temps avec Célian et il savait aussi que cela allait rapproché les deux enfants. En tout cas, il l'espérait. Nate avait besoin de son meilleur ami et cela lui permettrait alors de ne pas se sentir abandonné par son père. Cela avait durer plusieurs instants avant que Nathan ne se calme. Lorsqu'il se détacha de l'étreinte de son père, celui-ci essuya son visage d'un revers de la main. Il sentait bien que Nathan était un peu chambouler par tout cela.
« Je suis certain qu'elle ne t'en veut pas. Elle comprend que tu l'a fait parce que tu allais mal et elle sait aussi que tout à l'heure, tu ira le voir pour t'excuser »
Eléa a toujours été très compréhensive, très attentive avec son fils ou avec Nate, comprenant en un regard quand cela n'allait pas chez eux. Elle était plus doué pour cela que Baptist et aujourd'hui, il savait que si la jeune femme avait été avec eux, Nate n'aurait jamais écrit cela sur le blog, il n'aurait jamais tenté de fuguer. Mais elle n'était plus là.
« Et je crois que j'ai de sacrées excuses à faire à Célian quand je le reverrais. S'il veux bien m'écouter. Pour toi aussi, je suis désolé. Je pensais pas ce que j'ai mis sur le blog. Tu le sais hein ?
- Ne t'en fais pas pour Celian, il acceptera tes excuses et il comprendra. Après tout, c'est ton meilleur ami. Et moi, je te pardonne en même temps, j'ai pas été très cool avec toi et je comprend ta réaction »
Il savait que son fils comprendrait alors pourquoi il s'était montré aussi présent ces derniers temps pour Célian. Ce n'était pas simplement parce que c'était son filleul mais c'était aussi pour essayer d'atténuer la douleur qu'il pouvait ressentir suite à cette perte. Et il savait que maintenant qu'il était au courant, Nate allait aussi de son mieux soutenir son meilleur ami.
« C'est qui qui s'en occupe maintenant ? Il n'avait qu'Eléa, je crois. Il doit se sentir seul. Et en plus il m'a rien dit...  
- S'il ne t'a rien dit, c'était certainement parce qu'il ne voulait pas que tu t'inquiète pour lui, tu sais comment il est. Il a tendance à toujours tout garder pour lui. »
Alors, ça, il le tenait bien de sa mère, toujours à vouloir épargner les autres et à penser à lui en dernier. S'il n'avait rien dit à Nathan, ce n'était certainement pas qu'il ne lui faisait pas confiance mais plutôt pour pas qu'il soit triste et qu'il profite du bonheur d'avoir retrouver son père.
« Je sais que depuis quelques semaines, il habite avec Micah, c'était un ami d'Eléa. »
Cela coutait à Baptist de dire cela, lui qui n'avait jamais aimé Micah et encore plus depuis qu'il savait que Célian savait qu'il était son père. pourtant, il ne dit rien à son fiston. Après tout, c'était à Gamble de le lui dire et il ne voulait pas interférer dans les confidences entre les deux garçons. Pour Baptist le plus important restait le bonheur de son filleul et il semblait heureux avec son père alors Levingston mettait sa rancœur de côté pour ne rien montrer mais il se méfiait toujours autant de l'ancien taulard.

Pourtant, comme le lui avait dit O'Clery, le plus important était le bonheur de Célian et ils semblaient tout les deux vouloir la même chose. Même s'il avait des réticences, Baptist prenait sur lui et sa crapouille semblait être heureuse, il l'avait eu plusieurs fois au téléphone depuis son séjour en France. Il espérait que, de là où elle était, Eléa ne lui en voulait pas et approuvait sa façon de rester un peu en retrait.
« Si tu sais où il habite, tu peux me dire? Je passerais chez lui pour lui parler dès que je pourrais.
- Il habite au sud ouest de Tramore. Je dois avoir l'adresse dans mes textos. Je peux aussi te donner le numéro de Micah, comme cela, tu te déplacera pas pour rien.
- C'est cool, il reste avec quelqu'un qui l'a connu, il pourra donc lui en parler quand il voudra. Et il pourra peut-être lui apprendre des choses sur elle qu'il ne savait pas.
- Oui, c'est vraiment une bonne chose pour lui, il a pu quitter sa famille d'accueil et c'est quelqu'un qui connait sa mère et qui l'aidera certainement à surmonter cela.»
Baptist n'était jamais allé chez eux malgré les invitations de son filleul. Pour lui, c'était trop difficile de se retrouver en face de Micah, de faire comme s'ils étaient des amis et de faire la conversation comme si de rien n'était. Il avait besoin de temps et pour l'instant, il ne se sentait pas prêt, il avait trop de choses à régler pour l'instant. Baptist sortit alors son portable pour envoyer le numero de Micah ainsi que l'adresse de Célian à son fils.
Parler de Micah avec son fils, n'était pas vraiment quelque chose qu'aurait voulu Baptist, bien au contraire. Et sans le vouloir, sa voix l'avait trahi. Il n'aimait pas Micah, il ne l'avait jamais aimé, pourtant, il tâchait de faire bonne figure devant Célian mais c'était plus difficile avec Nathan. Il faut dire que le garçon est plutôt perspicace et il est difficile de lui cacher quelque chose. Pourtant, Levingston ne voulait pas que son fils parte avec une mauvaise opinion du père de son meilleur ami. Il ne voulait pas que ce sujet soit ensuite une cause de dispute entre les deux garçons et il cacherait autant que possible ce qu'il pensait de Micah au fond de lui même. «  » Après avoir appris ce que sa famille d'accueil lui avait fait subir, Baptist était content qu'il en soit partit mais il aurait préféré pouvoir l'accueillir chez lui. Micah allait se faire passer pour un saint auprès de son fils, ce qui était loin d'être la vérité. Et le jeune homme savait qu'il n'aurait plus aucune chance de s'interposer entre le père et le fils comme le voulait Eléa.
« Tu m'as jamais parlé de Micah, tu le connais lui aussi ?
- J'ai connu Micah avant que tu naisse. Et il est sorti de ma vie avant que tu vienne au monde aussi, voilà pourquoi je t'en ai jamais parlé. »
Il évitait au maximum de parler de ce qu'il pensait de lui mais il sentait bien le regard interrogateur de Nate sur lui.
« J'ai jamais apprécié Micah et je sais pas si je l'apprécierais un jour mais il rend Célian heureux et c'est tout ce qui compte.
- Je veux bien son numéro, oui. Je passerais le voir tout à l'heure si il est d'accord que je vienne. Tu veux bien que j'y aille ? »
Mais après, c'était à l'enfant de se faire son propre avis et c'est pourquoi il n'empêcherait jamais son fils de parler avec lui. Il lui adressa un sourire lorsqu'il lui demanda la permission d'y aller.
« Oui, tu pourra y aller mais tu préviens ta mère pour pas qu'elle s'inquiète. Et s'il fait nuit, tu l'appelle pour qu'elle vienne te chercher, je veux pas que tu te balades tout seul quand il fait nuit. »
Depuis l'épisode du cimetière et avec tout ce qu'il se passait dans les rues, il préférait savoir son fils en sécurité et non pas livré à lui même la nuit. En tout cas, il espérait que Micah aurait la jugeote de ne pas le mettre dehors.

Nathan lui demanda ensuite de l'emmener voir Eléa. Baptist n'avait pas eu le courage d'aller au cimetière et il savait que cela serait très difficile pour lui mais il ferait un effort pour son fils.
« J'aimerais bien aussi pouvoir aller voir Eléa. Tu crois que de temps en temps, quand tu auras du temps pour moi, on pourrait y aller tout les deux? Maman voudra jamais m'emmener, je pense, même si ça va mieux avec elle. Mais pour moi, ce serait important. Et je veux pas y aller tout seul.
- Je t'y emmènerais avec plaisir. Je crois que cela lui fera plaisir de te voir. On pourra y aller demain, si tu ne fais rien.
- Tu m'enverras un petit message quand tu seras prêt? Je te rejoindrais au parc, comme d'habitude. Sauf si tu veux venir me chercher chez Maman. »
Demain, c'était dimanche et peut importe ce que lui dirait sa patronne, il prendrait quelques instants pour emmener son fils au cimetière. C'était la première fois que Baptist irait se recueillir sur une tombe et certainement qu'il ne ferait pas le fier.
« En tout cas, je te promets, je croirais plus jamais Unknown et ce qui est écrit sur son blog. Je crois même que j'irais plus jamais le voir. »
Il avait vu lorsque son fils avait baisser la tête qu'il regrettait d'avoir publier cela sur le blog mais il avait aussi besoin de comprendre pour totalement pardonné à son père.

Baptist se souvenait comme si c'était hier du jour de la naissance de Nathan. Il était avec une patiente, en train de discuter des résultats de ses derniers examens, savoir comment elle se sentait. Il avait alors vu une infirmière passer la tête dans l'encadrement de la porte en lui demandant de venir voir. En général, cela n'annonce pas une bonne nouvelle mais la jeune femme souriait et il a su tout de suite que c'était le moment. Très professionnel, il s'était alors excusé auprès de sa patiente avant de sortir et de courir dans le couloir en direction du service maternité. Maddie était venu jusqu'à l'hôpital avec les pompiers et le travail avait déjà commencé lorsqu'il pénétra dans la pièce. Il n'était à ce moment pas le docteur Levingston mais le futur papa du petit garçon. Lorsqu'il poussa son premier cri, Baptist poussa un soupir de soulagement et il serra un peu plus fort la main de sa femme. Lorsqu'on lui demanda le prénom de l'enfant, ce fut Baptist qui répondit. Le couple n'avait pas réussi à se mettre d'accord sur le prénom de leur fils et c'est l'homme qui avait le dernier mot. Il faut dire qu'il avait pardonner à sa femme son adultère et accepter d'élever l'enfant d'un autre pour qu'elle ne soit pas renier par ses parents.
Aucun doute, pour Baptist, cela a été le plus beau jour de sa vie. Il avait alors coupé le cordon ombilical, il lui avait donné son premier bain, l'avait habillé avec un beau pyjama bleu et l'avait serré dans ses bras. Il lui avait alors fait la promesse que quoi qu'il arrive, il sera toujours son fils et l'aimerait toujours. Baptist tenait toujours ses promesses autant qu'il le pouvait et celle là il n'y avait jamais renoncé. Les mots durs de son fils lui avait fait comprendre que les secrets n'étaient pas forcément bon pour leur relation et qu'il devait lui dire la vérité ou du moins une partie concernant son boulot mais pas seulement. Baptist se releva et proposa alors à son fils de s'installer sur un banc pour continuer de parler sur l'absence du père pendant les quinze derniers jours.
« La dernière fois que j'ai vu Célian, c'était le 2 février, le lendemain de nos retrouvailles. Depuis, je l'ai appelé pour lui dire que je ne pouvais pas passer les deux prochains samedi avec lui.
- T'étais où les deux samedis suivants ? »
Il se souvient que Célian avait été triste et il lui avait bien fait comprendre que c'était à cause de son boulot, et non pas parce qu'il ne voulait plus passer du temps avec lui. Pendant la prison, il avait beaucoup réfléchi et il lui semblait maintenant obligatoire de le lui dire, de lui dire que génétiquement, il n'était pas son père mais que cela ne changeait rien au fait qu'il l'aimait comme tel. Pourtant, peut-être que ce n'était tout simplement pas le bon moment. Il ne voulait pas le fâcher encore plus, au contraire, il voulait qu'il lui pardonne.
« Je suis parti pendant presque quinze jours en France pour un travail. J'ai pas eu beaucoup de temps à moi là bas et j'ai essayer d'appeler chez ta mère mais j'ai jamais réussi à avoir quelqu'un au téléphone. J'aurais vraiment préféré être ici avec toi que là bas mais je n'avais pas le choix. 
- Maman a trouvé un nouveau boulot et elle est rarement à la maison pendant que je suis à l'école. Elle rentre tard le soir, j'ai une baby-sitter qui vient me chercher à l'école. Maman a désaccordé le téléphone, il sonne plus à la maison. Y'a que sur son portable qu'elle prends les appels. Mais c'est vrai, elle a un nouveau numéro, tu n'aurais pas pu l'avoir... Et puis, elle a rencontré quelqu'un y'a pas longtemps. Il habite pas loin d'ici et les week ends, on les passe chez lui. »
Ensuite, il l'écouta parler de sa mère. Il se sentait aucune méchanceté dans ses paroles et se pourrait-il que les relations entre le fils et sa mère se soit apaisé ? Il ne pu s'empêcher de poser quelques questions.

Au même moment son téléphone se mit à sonner et il lu le nom de sa patronne sur l'écran. Il laissa échapper un juron avant de ranger le téléphone dans sa poche. Il ne savait pas quelles seraient les conséquences de ce geste mais il les assumerait.
« Si cela peut t'aider, je te donne mon numéro de téléphone, tu pourra m'appeler quand tu le voudra.
- J'ai le droit de t'appeler à partir de quelle heure?
- Quand tu veux et si je peux pas répondre, tu me laisse un message et je te rappelerais aussi vite que possible. »
Il ne parla pas bien évidemment de son logement et il espérait que Nate ne poserait pas plus de question là dessus.
« Ca fait deux semaines qu'on s'est retrouvé et je sais toujours pas où je peux aller quand je veux te voir pour passer du temps avec toi. En revenant ici je pensais que je pourrais te voir aussi souvent que je le voudrais. Qu'on pourrait passer pleins de moments ensembles, qu'on essayerait de rattraper le temps perdu. Mais y'a rien qui se passe comme je le voulais
- Moi non plus, cela ne se passe pas comme je l'aurais voulu. Je vais essayer de faire des efforts mais j'ai besoin de mon boulot. Avant, je pouvais me permettre de bosser peu, j'avais l'argent de la famille mais depuis la prison, tes grands parents ne me donne plus rien. Si je veux pouvoir te faire des cadeaux, t'emmener manger une glace, je dois travailler pour ça. »
Il espérait vraiment que Nathan avait compris que c'était indépendant de sa volonté et qu'il ne faisait pas cela pour lui faire de la peine. Il essayait de l'apaiser en essayant de lui faire comprendre que tout ce qu'il pouvait faire, il le faisait pour son fils, pour essayer de le récupérer, pour gagner sa garde définitive mais pour l'instant, c'était tout simplement impossible.
« Moi, tout ce que je veux, c'est te voir. C'est nul qu'on puisse plus être si longtemps ensembles qu'avant. C'était bien à ces moments-là. Mais je comprends que t'ai besoin de ton travail... En plus il a l'air super alors il faut que tu le garde. Même si ça nous laisse moins de temps pour nous, c'est pas grave. Je sais maintenant pourquoi t'es pas souvent là.  »
Son téléphone se remit à sonner.
« Tu devrais décrocher, Maman dit toujours que ce n'est pas bien de faire attendre une femme...
Cette femme, c'est ma patronne et elle attendra encore un peu. Je suis pas censé bosser aujourd'hui »
Baptist ne pu s'empêcher de sourire à la remarque de son fils. Il ne voulait pas que son fils se sente coupable de son absence au boulot et c'est pour cela qu'il s'était permis de lui mentir. Baptist ne se reconnaissait plus, lui qui avant était incapable de mentir à Nate, maintenant, il le faisait presque sans aucun remords. Il sortit son portable et nota le numéro de son fils et de son ex-femme dans son mobile avant de faire sonner Nate pour qu'il ait aussi son numéro qu'il ne connaissait pas par coeur.
« Alors on se verra beaucoup moins tout les deux?
- Tu sais, détective privé, ça fait rêver comme job mais je peux t'assurer que des fois, je fais rien de bien intéressant. Et puis, je ne ferais jamais 8h-17h. Mes horaires de travail changent tous les jours en fonction des missions.
- Il est cool ton Job, il faut que tu le garde.
- Merci de ton soutien Nate. Tu sais, c'est pas facile pour moi non plus hein, je ne le fais pas de bon coeur, mais j'ai pas le choix. J'aimerais avoir enfin une belle maison et que tu puisse venir habiter avec moi mais pour cela, il faut que je travaille dur. »
A cause de cela, il lui serait à présent beaucoup plus difficile de prévoir des activités avec son fils, de lui promettre d'être toujours là pour ses matches. il le savait bien et il espérait aussi que Nathan le comprendrait, sans cela, les disputes allaient être constante entre les deux hommes.
« Je sais, t'inquiète pas. J'aurais pas dû croire à ces conneries. Je sais que tu fais ce que tu peux. Et qu'après la prison ça doit pas être facile de recommencer à vivre. Mais toi t'as trouvé un travail super. Même si des fois c'est pas génial, moi je trouve ça trop cool. Et j'ai hâte de pouvoir un jour venir chez toi. Mais il faudra me partager avec Maman. J'ai peur qu'elle pense que je passe trop de temps avec toi et qu'elle veuille me séparer de toi encore une fois. »
Pendant qu'il écoutait son fils parler, il savait que cela était important qu'il passe voir son ex-femme pour avoir une discussion avec elle. Il ne voulait pas que Nate lui mente ou qu'elle lui reproche de passer trop de temps avec son père de façon secrète. Baptist voulait que tout soit clair et qu'elle sache qu'il ne lui en voulait pas, qu'il comprenait ce qu'elle avait fait. Cela ne serait certainement pas simple mais il espérait qu'ils avaient encore suffisamment de tendresse l'un par rapport à l'autre et surtout suffisamment d'amour pour leur enfant pour le faire passer avant le reste, avant leur intérêt personnel. « Je ne veux pas t'enlever à ta mère, ne t'en fais pas pour cela, je veux juste passer le plus de temps possible avec toi et que tu te sente chez toi. J'irais parler à ta mère, je veux pas qu'elle penses qu'on lui fais des cachoteries et qu'elle prenne un coup de sang et t’emmène à l'autre bout du monde, je pourrais pas le supporter une seconde fois. »
Il savait pas si son fils serait d'accord mais là, il ne lui demandait pas son avis. Après tout, il lui avait donné le numéro de téléphone de Maddie, ce n'était pas pour rien.
« Si elle le refait, j'aurais ton portable, je vais retenir ton numéro comme ça au cas où, je pourrais t'appeler. Et tu pourras venir me chercher. Je l'aime bien mais j'ai pas envie de rester avec elle sans pouvoir te voir. Quoique si tu viens me chercher, t'auras des problèmes. Faudra que je me débrouille pour revenir ici tout seul...»
Actuellement, Baptist avait encore de la rancœur envers Maddie mais il comprenait pourquoi elle avait fait cela. Et puis, elle était revenue, c'était le principal. Leur fils avait besoin de ses deux parents et il ne ferait pas l'erreur de lui enlever Nathan. Même si elle avait du mal à lui montrer son amour pour lui, elle en avait et ça, il le savait. Et si en plus, ils pouvaient éviter de passer devant un juge pour les droits de garde, les droits de visite, ce serait encore mieux. Des décisions à l'amiable, ce serait parfait. Mais pour cela, il devrait aller la voir. Il fallait juste qu'il prenne son courage à deux mains pour se décider à y aller.
« Je veux pas prendre le risque de retourner en prison et de te perdre une seconde fois.» Evidemment, qu'il le pouvait. Il avait bien ranger sa chambre pour pouvoir partir en week-end avec Neal. Et le gamin était loin d'être bête, il savait que plus il voudrait voir son père et plus, il devrait se comporter comme un ange auprès de sa mère.
« T'aurais le droit de m'enlever à elle, elle elle l'a bien fait avec toi. Comme ça elle verrait ce que ça ferait. Mais c'est vrai que tu risques d'être puni pour ça. Vaut mieux qu'on soit raisonnables tout les deux. Et moi, je vais continuer d'être sage avec elle et lui dire que c'est toi qui m'y encourage, comme ça, elle verra pas mal le fait que je veuille venir chez toi.
- Je pense qu'il faut qu'on ait une discussion avec ta maman, mais il faut aussi que tu y mette du tien pour qu'on puisse continuer à se voir sans problème. Hein ? Tu peux faire cela pour moi ?
- Je ferais ça. »
- Elle travaille dans quoi maintenant ? »
Il aurait aussi voulu poser des questions sur son nouveau mec mais il avait peur qu'ensuite Nate pose les mêmes questions le concernant et il serait obligé de parler de Jordane. Il ne voulait pas trop faire de révélations à son fils le même jour. Le pauvre, il aurait du mal à tout encaisser.
« Elle travaille comme secrétaire. Ces derniers temps elle a beaucoup de réunions après le boulot, c'est pour ça qu'elle rentre tard. Des fois il est deux heures du matin, parfois plus, ça dépends. Je le sais parce que des fois je l'entends rentrer. Généralement, elle revient toujours avec son collègue de travail, celui chez qui on va dormir les week-end. Il passe la prendre les matins à la maison et il la ramène le soir.. Et quand ils rentrent tard comme ça, il reste dormir à la maison. »

Il l'écouta parler de sa mère sans faire de remarques. Il se contenta de lui adresser un d'accord lorsqu'il avait finit de raconter le nouveau travail de sa mère et parler de son futur compagnon. Des réunions tard le soir, tu parles. Pour Baptist, il n'y avait aucun doute qu'elle passait ses soirées avec cet homme et que les réunions étaient simplement un prétexte pour Nathan. Mais il ne voulait pas rentrer dans cette discussion et dire que cela lui faisait tout drôle de savoir que son ex-femme fricotait avec un autre. Il savait que lui aussi avait eu des relations avec une autre femme, qui d'ailleurs n'était pas sans conséquences mais tout de même, c'était assez bizarre. C'est pourquoi, il essaya de changer rapidement de sujet et commença à évoquer Neal. Autant dire, il comprenait par le sourire de son fils que cette amitié comptait beaucoup pour lui.
« Et le week-end dernier, je n'étais pas là, j'étais parti avec Neal. On est allés voir un match de hockey, c'était génial.
- Neal Willems ? Le hockeyeur ? Je savais pas que tu le connaissais. Et c'est qui qui a gagné ?
- L'équipe de Neal. Attends, je t'envoie son numéro. Tu pourras lui parler comme ça. Tu verras, il est super sympa. Il m'avait invité à voir le match parce qu'il savait que tu me manquais et il voulait me faire penser un peu à autre chose qu'aux bêtises d'Unknown. On a pu parler tout les deux et il m'a aidé à aller mieux. Peut-être qu'un jour, tu pourras venir voir un match avec nous. si ta patronne te laisse y aller. »
Baptist le connaissait de réputation mais ne l'avait jamais rencontré. Ce serait peut-être l'occasion vu que son fils avait l'air de beaucoup l'apprécier. Nathan décida de faire une petite pause dans les mauvaises nouvelles en parlant de Neal. Il suffisait de voir son sourire pour comprendre. Levingston nota le numéro dans son téléphone et se promis de l'appeler rapidement.
« J'aimerais beaucoup le rencontrer un de ses jours pour le remercier. » Il regarda les différentes photos avec son fils que Nate commentait avec passion et cela faisait sourire Baptist. Il n'hésitait pas à lui poser quelques questions.
« Je trouverais bien un moment pour venir voir un match avec vous. Et il t'apprend à patiner ? Moi j'ai jamais su faire. Je sais skier mais pas faire du patin à glace. Peut-être que tu pourrais m'apprendre.
- Ca serait génial. J'ai appris en Angleterre à patiner. A ma nouvelle école, dans ma classe, je m'étais faite une amoureuse et elle faisait des compétitions de patinage. Elle m'a appris à rester stable sur mes patins et à m'arrêter sans utiliser les murs... Elle voulait m'apprendre des pirouettes mais ça j'ai pas voulu, c'était pas mon truc. Mais grâce à elle, je me débrouille en patins. Avec Neal, on s'amuse un peu au hockey, je lui sert à s'entraîner un peu et on s'amuse plutôt bien tout les deux. Je t'apprendrais à patiner, je te promets. Tu vas voir, c'est très facile. Le tout c'est de te pencher très légèrement en avant... Ca t'éviteras de partir en arrière. Mais je te donnerais la main si tu veux, et au début, tu pourras te tenir au mur de l'autre coté. Elle m'a même appris à patiner en marche arrière, mais ça je t'apprendrais quand tu géreras bien la marche avant. On va faire ça doucement. »
Baptist aimait donné de l'importance à son fils surtout en lui faisant confiance. L'homme avait appris à Nate à jouer au football, à skier et à nager mais l'inverse était aussi réciproque. Nathan avait appris à son père à jouer au jeux vidéos, à trouver des bonnes cachettes lorsqu'ils jouaient dans le parc. Baptist savait qu'il n'avait pas la science infuse et que même un microbe de 10 ans pouvait lui apprendre certaines choses. Lorsqu'on est enfant, c'est tellement facile d'apprendre pleins de choses. Il lui avait fallu trois séances pour savoir contrôler son poney, il lui avait fallu cinq heures avant d'être capable de descendre une piste noir et il lui avait fallu une heure pour savoir nager. Cela lui avait sembler si facile à cet âge mais aujourd'hui, c'était différent. Il approchait la quarantaine et il avait conscience du danger. Ce serait certainement beaucoup plus difficile de se lancer sur la glace et il se demandait encore si c'était une bonne idée. Mais Nathan semblait passionné et très motivé pour lui apprendre à patiner et il soupira alors. Il ne voulait pas se ridiculiser devant son fils même si celui-ci saurait se montrer compréhensif. Il semblait tellement heureux qu'il ne pouvait décemment pas lui enlever cela.
« Hey ho, du calme petit. On va commencer doucement et pas faire de plan sur la comète. Pour toi, ça peut paraitre simple, mais moi je suis vieux maintenant et il me faudra certainement plus de temps que toi pour réussir à tenir en équilibre.
- Arrête t'es pas vieux, tu le seras quand tu seras un papy... Dans sept ou huit ans... T'as encore le temps. Tu vas gérer je suis sûr. T'es un Levingston, ça gère toujours les Levingston... »
Il ne voulait pas trop s'avancer mais il ne voulait pas non plus enlever l'enthousiasme de son fils.
« Quand t'auras du temps pour qu'on aille à la patinoire tout les deux, appelle-moi, on fera ça. Ca va être cool. Après, tu pourras peut-être venir jouer au hockey avec Neal et moi. Je suis sûr qu'il dirait pas non.
- Promis, dès que j'aurais du temps, on ira à la patinoire mais je peux pas encore te dire quand. D'abord, je te regarderais jouer avec Neal, je pense qu'il me faudra un plus plus qu'une après-midi pour parvenir à jouer au hockey surtout que vous devez être doué tout les deux.
- Neal est doué, c'est son métier. T'as des chances de me battre, oui, mais lui, faut pas essayer. Sauf si comme avec moi, des fois il te laisse gagner. Mais il fait pas ça chaque fois. »
Baptist voyait son fils heureux et c'est tout ce qui lui importait.
« Faudra pas que t'oublie de prendre des gants par contre. Il fait toujours super froid à la patinoire.
-  J'essayerais d'y penser à mes gants 
- Je prendrais une paire de gants pour toi. Avec l'age, tu risques d'oublier. »
Pour les gants, l'écharpe ou encore la combinaison de ski, il lui faudrait encore économiser un peu d'argent. Mais il n'était pas dépensier et son compte commençait à se remplir progressivement. Il avait pu s'acheter des nouvelles fringues et c'était déjà une bonne chose. Il continuait de faire des économies comme il pouvait, notamment, en fouillant les poubelles du centre commercial pour se nourrir et pour nourrir Kazan. Mais à la remarque de son fils, Baptist lui ébouriffa les cheveux. Le souci unknown était passé. Mais ils devaient parler d'autre chose.

Assis sur le banc, Baptist regardait son fils en gardant le silence. Il sentait son coeur se serrer et pourtant, il savait aussi qu'il ne pouvait plus faire marche arrière.
« Fiston, il faut que je te dise autre chose. Je sais que ta mère ne serait pas d'accord mais je peux plus le garder pour moi. Et puis, tu es grand, je suis sur que tu comprendra.
- Qu'est ce que tu veux dire ? »
Il s'arrêta un instant et regardant droit devant lui pendant plusieurs secondes. Il baissa ensuite les yeux par terre et enchaina, espérant que Nate ne le couperait pas.
« Tu sais que tu représentes tout pour moi, que je ferais n'importe quoi pour que tu sois heureux et cela depuis que tu es né. »
Il essayait de trouver les mots mais il n'avait jamais été doué pour annoncer quelque chose d'aussi important. Il suffisait de voir comme il avait annoncer le décès d'Eléa.
« Avant ta naissance, ta mère m'a trompé, elle a couché avec un autre homme. J'aurais pu divorcer mais je savais qu'elle se ferait renier par sa famille alors j'ai décidé de passer l'éponge.
- Je pensais pas qu'elle t'avais trompé, j'aurais jamais cru ça d'elle. Je croyais qu'elle t'aimais toi, elle devait pas aller voir ailleurs. »
En tout cas, si les soucis avec unknown semblaient loin derrière eux, il restait encore quelque chose que Baptist devait avouer à son fils mais celui-ci ne semblait pas totalement comprendre.
« Tu sais l'amour, c'est souvent très compliqué »
Et entre Maddie et Baptist, on ne pouvait pas réellement dire qu'il y avait des sentiments aussi forts que l'amour. Il y avait de la tendresse mais certainement pas de l'amour. Mais il ne pouvait pas expliquer cela à son fils, ce serait trop difficile et il y avait plus important à le lui dire.
« Sauf qu'il y a eu une conséquence à son aventure. Neuf mois plus tard tu es arrivé dans la famille. - Elle... Elle t'as trompée et quand je suis arrivé, elle savait pas qui était mon père, c'est ça? Mais c'est toi, sur les photos de ma naissance, c'était toi qui était là... »
- Lorsqu'elle a su qu'elle était enceinte, elle m'a avouez qu'elle m'avait trompé. Juste une fois, enfin, c'est ce qu'elle m'a dit et elle m'a assuré qu'elle voulait rester avec moi. »
Il ne savait pas si c'était parce qu'elle tenait à lui ou parce qu'elle tenait à l'argent de sa famille mais à cette époque, peu lui importait.
« Oui, c'est moi sur les photos et aux yeux de la loi, tu es mon fils. Et pour moi, le fait qu'on ait pas le même sang n'a rien changé et ne changera jamais rien. Je t'aime. »
Baptist sentait son coeur se serrer et encore plus avec le silence de son fils. Son regard était fuyant et l'homme ne savait pas tellement comment réagir. Et si le garçon ne voulait plus le voir, s'il lui en voulait pour ce mensonge ?
« Nate, dis quelque chose, je t'en prie »
Toujours le silence.
« Fiston, regarde moi, ça change rien, hein, tu comprend ça. Je t'aime de tout mon coeur et c'est pas prêt de changer. »
Il n'arrivait pas à décoder le regard de son fils et c'était difficile.
« Si je te le dis aujourd'hui, c'est parce que je sais que les mensonges peuvent faire du mal et que si la personne qui se cache derrière le blog l'apprend, elle hésitera pas à la publier. Je voulais pas que tu l'apprenne par elle. Je t'en prie Nate, dit moi quelque chose. Engueule moi, frappe moi mais ne reste pas sans rien dire. »
Il savait bien que sa révélation ferait l'effet d'une bombe mais il espérait que Nathan comprenne. L'espace d'un instant, il avait peur, il aurait aimé remonté le temps pour effacer cette conversation. Nate gardait le silence et c'était pire que tout. Il préférait l'entendre crier que ne rien dire. Et finalement, il prit la parole et il était pris entre deux feu aux révélations de Nate.
« C'est pas toi que j'ai envie de frapper, c'est elle. C'est dégueulasse ce qu'elle t'as fait. Je la déteste. Là c'est sûr je la déteste.»
Il était soulagé que l'enfant ne lui en veuille pas mais il ne voulait pas que cela créé un froid entre Maddie et lui. Et merde. « Nathan, tu m'a promis tout à l'heure de faire des efforts avec ta mère ? Alors s'il te plait, ne gâche pas tout en lui parlant de cela, hein ? » Il aurait parlé à un sourd, cela reviendrait au même et il espérait qu'il n'irait pas trop fort non plus avec Maddie.
« Je lui dirais pas que je sais, t'en fais pas. »
Par contre, ce que son fils lui annonça juste après le laissa sans voix. Il ne lisait pas le blog et il avait posté un message après que ses collègues lui ait montré le message de son fils mais depuis, il n'y était pas retourné dessus.
« Jordane m'a dit que j'allais être grand frère. Sur le blog d'Unknown.
- Jordane, t'as dit quoi ? Putain, mais elle aurait pas pu la fermer celle là. Je suis désolé, j'aurais voulu que tu l'apprenne autrement
- Elle savait pas que j'étais pas au courant. Elle voulait me raisonner et me faire comprendre que tu tenais à moi autant qu'à mon petit frère ou ma petite soeur. Il faut pas lui en vouloir. »
Oui, il était en colère, il aurait voulu le lui dire lui, et elle aurait pas pu lui demander la permission avant d'écrire de telle chose sur le blog. Bon Nathan semblait bien prendre la chose mais tout de même. Il prit son visage entre ses mains et rapprocha sa tête.
« Finalement, je vais pas vraiment l'être. Tu vas quand même avoir un enfant à toi finalement. Je sais pas pour sa maman, mais je sais que son père sera le meilleur.  
- Dit pas de bêtises, fiston. Toi aussi, tu es mon fils à moi et tu sera son grand frère. Je t'ai dit que cela ne changeait rien pour nous, ni pour la loi, tu es et tu restera un Levingston et ceci même le jour où tu m'aimera plus.
- Je suis content pour toi, tu sais? T'as fait du bon boulot avec moi alors t'en fera avec lui ou avec elle. »
Baptist lui adressa un sourire.
« Tu le laisseras pas m'emmener si un jour il revient? Je veux rester avec toi, moi. »
Baptist serra son fils dans ses bras.
« Promis, je le laisserais pas t'emmener. T'es mon fils et il ne pourra rien y changer.
- Je t'aimerais toujours. On peux pas se détester nous deux. »

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