Chapitre soixante deux : Une mauvaise nouvelle

Ce petit week-end avait fait du bien au père de famille et à son fils. Nathan s'était amusé comme un petit fou, il s'était fait des nouveaux copains, il avait pu abuser de boissons gazeuses et de bonbons sans que son père ne rouspète trop. Et puis lorsque Baptist commençait à serrer un peu son fils en lui demandant de ralentir, c'était Simon qui lui filait un verre en douce ou occupait son ami pour que Nathan puisse continuer à se servir. Mais jamais Baptist n'en avait voulu à son ami même s'il avait bien vite remarqué son manège. Simon, c'était son meilleur ami et même s'il était loin d'être parfait, il avait été là dans les moments douloureux de Baptist et aujourd'hui, ce week-end servait surtout à remonter le moral de Nathan qui devait vivre avec une entorse. Autant dire que c'était un véritable calvaire. Quoi qu'il en soit, le dimanche soir, les trois garçons étaient rentrés relativement tard er Baptist, avec l'accord de Maddie, avait décidé de faire dormir Nathan chez lui et de l'accompagner à l'école. Ils avaient fait les devoirs en vitesse dans la voiture. Ce n'était pas dans les habitudes de Baptist mais pour une fois, il pouvait faire une exception. Et puis, le garçon avait juste une poésie à apprendre. Autant dire que dans la voiture, cela avait donné droit à des bonnes parties de rigolades. Ce matin, cela n'avait pas été simple de réveiller son garçon qui aurait aimé pouvoir rester dormir mais pour son père, pas question qu'il rate l'école à moins d'être malade. Nathan le savait et après quelques contestations, il se décida à se lever et à se préparer.

Après avoir déposé l'aîné à l'école, il prit la direction de la maison pour retrouver sa fille. Autant dire qu'Ella reconnu directement la voix de son père et elle couru dans ses bras. Même si elle avait passer un bon week-end avec Maddie, rien ne vaut la présence de son père, son repère. Baptist prend le temps de boire un café chez son ex-femme pour que l'un comme l'autre raconte son week-end. Et aucun doute que cette conversation aurait pu durer encore des heures si le portable du père de famille n'avait pas sonné. Tomas, éducateur Célian. Voilà ce qui s'afficha sur l'écran et Baptist fronça les sourcils. Il lui demandait de le retrouver à l'Evergreen. Juste le temps pour Baptist d'habiller sa fille, de dire au revoir à Maddie et de rejoindre à pied le bar. Il cala la poussette de sa fille à côté de sa chaise et attendit tranquillement l'arrivée de Tomas. Son cœur battait à deux cent à l'heure. Il devait avoir eu une réponse pour l'adoption de Célian. Et il avait comme un mauvais pressentiment. Et lorsque l'éducateur de son filleul entra dans la pièce, cela confirma ses soupçons.
« Salut.
- J’ai eu des nouvelles. Mauvaises. »
Il lui serra la main en le saluant tandis qu'il lui disait pour les nouvelles. Baptist baissa les yeux et il sentit la colère l'envahir. Le serveur du lui demander deux fois s'il voulait boire quelque chose avant qu'il ne réagisse.
« Une pression. Tu veux quelque chose ?
- Un café s'il vous plait »
Il attendit que le serveur s'éloigne avant de se tourner vers Tomas. Son ton se fit plus dur qu'il ne l'aurait voulu même s'il n'en voulait pas à Tomas, il savait qu'il avait du faire tout ce qu'il pouvait.
« Putain, mais ils sont cons où ils y font exprès ? Le bonheur de ce petit garçon ne les intéresse même pas. Et ils vont l'envoyer dans une famille à plusieurs kilomètres. Administration de merde.
- Il y a peu de solution. Toutes les familles d’accueil sur Greenfields ou Waterford ont fini par lâcher Célian.
- C'est vraiment des guignols. Ca se dit famille d'accueil et ils sont pas foutus de voir que Célian a juste besoin de temps et d'amour pour être bien. »
Baptist était énervé et cela se lisait sur son visage, se sentait dans le ton employé et dans ses mimiques. Il avait toujours eu beaucoup de mal avec les gens qui sont assis derrière un bureau et qui prennent des décisions. Combien de fois lorsqu'il était médecin, il se prenait la tête avec les chefs de service qui sont pas sur le terrain mais qui prennent des décisions. Et là, c'est pareil. Ils disent se soucier du bien être de l'enfant mais c'est faux, sinon ils aurait accordé cet adoption à Baptist. Et alors que dire des soi-disant famille d'accueil. Il a toujours pensé que ces gens là faisait ça uniquement pour le fric et il n'était pas prêts de changer d'avis avec ce qu'il se passait avec son filleul. Il s'en voulait de parler comme cela devant Ella mais la colère avait pris le pas sur le reste. Sans déconner, ils sont recrutés comment ? En tout cas, c'est facile d'empocher le pognon et de ne pas prendre le temps de s'occuper d'un enfant aussi adorable que le petit Gamble. Il s'en voulait tellement de ne pas être en capacité de l'accueillir chez lui. Il voulait le faire pour le gamin mais aussi pour la mémoire d'Eléa. Mais c'était fichu.
« C'est à cause de mon casier c'est ça ? Saloperie de fils à papa, c'est à cause de lui tout ça. Ca va continuer à me pourrir la vie ? J'ai payé pourtant.
- Pas que, mais ouais, c’est une raison. Vous vous attendiez à quoi, sérieux ? Qu’ils soient dociles et qu’ils vous donnent l’autorisation d’adopter un gosse avec une accusation grave sur le dos ? Ouvrez les yeux, c’est pas le monde des Bisounours ! »

Si Baptist était énervé, c'était aussi le cas de Tomas et ce dernier s'emporta contre Baptist et évidemment ce dernier n'allait pas se laisser traiter d'idiots sans réagir, ce n'est absolument pas son style et il se prenait pour qui cet homme ? Il connaissait Célian depuis quelques mois alors que Baptist l'avais vu grandir et c'était un peu comme son fils.
« Vous me prenez pour un imbécile ? Je me doute bien qu'ils vont pas me confier Célian comme ça mais j'espérais ….
- Peu importe ce qui s’est passé, c’est la sécurité de l’enfant qui prime. Pour adopter, votre casier doit être vierge. Enfin, s’il y avait que ça... Votre situation ne leur convient pas. Vos revenus financiers, le fait d’avoir deux enfants à vous occuper... D’être seul et donc, d’avoir un salaire. En bref, il y a trop de choses qui pèsent en votre défaveur. »
Baptist avait haussé le ton et peu importe si on le gardait de travers dans le pub. Il n'allait certainement pas se laisser marcher sur les pieds. Sa fille émit un petit son et cela le fit redescendre. Il attrapa sa peluche qu'il lui glissa dans la main avant de parler plus bas, pour lui même mais assez audible pour Tomas.
« Putain, j'en ai marre de payer pour un truc que j'ai pas fait »
Il avait perdu sa carrière de médecin. Il avait perdu son fils pendant trois ans et aurait pu ne jamais le revoir. Il n'avait pas pu dire au revoir à Eléa ou la protéger de cette fusillade. Il a failli perdre sa fille. Il a perdu sa liberté, son anonymat vu que maintenant au village tout le monde le connaît et pas forcément en bien. Et aujourd'hui, il perdait l'espoir de voir Célian heureux chez lui. Non, c'était trop mais surtout, c'était un secret trop lourd à porter. Il savait ce qu'il risquait mais cela devenait vraiment pas simple à garder pour lui.

En tout cas, la pression était redescendu comme elle était monté et il avait retrouver un ton plus calme.
« Si j'étais marié, est ce que cela pourrait changer quelque chose ? »
Ils en avaient parlés en rigolant avec Noélie mais jamais il n'y avait pensé sérieusement. Pourtant, est ce que cela pourrait le faire remonter dans l'estime de l'administration ? Pas sûr mais il espérait encore et toujours.
« C'est la merde. Ce petit bonhomme mérite tellement d'être heureux. J'aimerais vraiment avoir une solution. »
Il était reconnaissant envers Tomas d'avoir évoqué ce sujet avec sa fiancée mais qu'elle refuse, cela semblait presque normal. Dommage. Ca aussi ça aurait été une solution.
« Vous auriez été prêts à faire cette demande ? Merci pour Célian. »
Même si cela n'aboutissait pas, rien que le fait de l'avoir évoqué montrait à quel point, il tenait au gamin.

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