Chapitre seize : Situation d'urgence

Ces derniers temps, Baptist avait l'impression que tout lui réussissait, qu'il commençait à redevenir heureux et que le bonheur était simplement à porter de main. Il avait retrouvé son fils Nathan et entre eux, il y avait toujours autant d'amour et de complicité. Il avait aussi retrouvé Célian et il adorait toujours autant faire plaisir à son filleul. Il avait un boulot qui lui plaisait et bientôt l'arrivée d'une petite fille dans sa vie. Evidemment, il ne voyait là que le bon côtés des choses. Il n'avait pas encore avouer à son fils qu'il n'avait ni maison, ni voiture, qu'il ne mangeait pas toujours à sa faim. Il n'aimait pas non plus que Micah, le père de Célian soit revenu dans la vie du petit garçon et il ignore encore que le petit connait à présent la vérité. Enfin, concernant sa fille ou plutôt la mère de son enfant, rien n'est simple et il ne sait pas si Jordane tiendra les neuf mois sans lui pêter un câble et si leurs relations vont s'améliorer pour le bien être de la petite. Mais aujourd'hui, il n'a pas envie de voir les ombres noires à l'horizon et se contente d'être heureux et souriant.

Et puis quelle ne fut pas sa surprise en se levant, de voir la neige sur la ville. Autant dire que cela avait rajouter de la bonne humeur à l'homme qui avait passé une grande partie de la journée à travailler dans le cabinet d'avocat. Il n'avait pas vu sa patronne et ignorait qu'elle était incarcéré mais cela n'était pas ses affaires et il avait appris à rester à sa place concernant Evelyn. Jusque là, elle n'avait pas eu de remarques à lui faire et semblait plutôt contente de son travail. Le week-end se profilait et le lendemain, il avait rendez vous avec Célian et Nathan pour passer la journée. Avec cette neige, aucun doute, qu'il avait déjà une idée du programme qui allait plaire aux enfants : bataille de boule de neige, construction du plus beau bonhomme de neige et quelques placages tels Chabal dans la neige. Aucun doute qu'il y aurait beaucoup de fous rires entre les trois garçons. Ce serait leur première sortie tous les trois et Baptist était vraiment impatient.

Baptist rentrait tranquillement chez lui à pied. Il adorait voir tout ce paysage blanc et il était tel un gamin dans ce genre de situation. Il s'amusait même à prendre de la neige dans ses mains, jusqu'à avoir les doigts violets à cause du froid. Peu lui importait pour l'instant. alors qu'il marchait sur le pont sans vraiment faire attention où il mettait les pieds. Sous la neige, une plaque de verglas était dissimulée et Baptist ne fit pas attention. Quelques secondes plus tard, il avait les fesses par terre et les pieds en l'air. Il entendit un cri, pensant alors que quelqu'un avait peur pour lui. Il se releva, se massa un peu le dos avant de chercher du regard la personne qui avait crier. Mais apparemment, ce n'était pas pour lui. Il se pencha au dessus du pont et se rendit compte qu'une jeune femme venait de tomber à l'eau après avoir voulu faire des glissades sur le lac gelé. complètement stupide mais il ne pouvait décemment pas la laisser là. Il descendit en bas du pont, à côté de la foule, juste à temps pour mettre la main sur l'épaule d'un gamin qui voulait se la jouer héros et aller à la rencontre de la demoiselle.
« Je crois que c'est une idée stupide. La glace est en train de se fissurer et tu ne fera que la rejoindre dans l'eau glacée. Appelle plutôt les secours »
Le garçon semblait réfléchir à la meilleure des solutions et fini par sortir son téléphone portable. Bon et maintenant, on fait quoi ?

Baptist n'avait pas vraiment besoin de cela. Il aurait préféré rentrer tranquillement chez lui sans avoir besoin de jouer les héros. Se mettre en avant ne l'intéressait pas mais sa passion pour la médecine reprenait le dessus. Il ne pouvait pas laisser cette jeune femme qui allait finir noyer ou en hypothermie. Il regardait presque avec ingratitude, la foule qui était amassé sur la berge, regardant la pauvre crier, agiter les bras mais personne ne semblait prendre les devant. Etait ce par peur ? Pas incapacité ? En tout cas, il ne comptait pas rester les bras croisés. Après avoir empêcher un gamin de finir dans l'eau aussi, il le somma d'appeler les secours mais il semblait aussi dégourdit qu'un manche à balai. Punaise, mais qui lui avait mis des tocards pareil. Apparemment, il n'allait pouvoir compter que sur lui même. Et puis, avec la neige, il aurait beau appeler les secours, ils allaient mettre plusieurs minutes avant d'arriver et d'ici là, la demoiselle avait le temps de mourir plusieurs fois. Bon, Baptist, calme toi, réfléchis bien mais surtout réfléchis vite.

Quelles possibilités, il a ? La glace, ce n'était pas possible. Avant même d'avoir atteint la moitié, il serait lui aussi sous l'eau et il ne pouvait pas envoyer un gamin prendre ce risque. Alors, il y avait la solution du pont. S'il avait une corde, tout serait tellement simple mais là, comment faire ? Même en se penchant, il ne pourrait pas atteindre la demoiselle. Bon le gamin qui voulait jouer aux héros avait semble-t-il fini de téléphone au secours, Baptist l'interpella
« Hey toi ! Va sonner chez les voisins, trouve moi rapidement deux cordes. Des cordes solides, des cordes longues et bouge ton cul »
Bon d'accord, il était un peu vulgaire mais il n'avait pas le choix, le temps pressait et s'il ne faisait rien, elle mourrait.

Il fallu attendre plusieurs minutes, plusieurs longues et insoutenables minutes pour que le gamin revienne avec ce que Baptist avait demandé. Bon maintenant action.
« Tu veux jouer au héros ? »
Le jeune acquiesça et Baptist entreprit de lui nouer une corde autour de la taille.
« Tu vas pas marcher sur la glace mais ramper au maximum. doucement surtout, hein, tu fais pas le kéké. Si tu tombe à l'eau, on te remonte grâce à la corde. »
Il attendit un signe de la tête avant de continuer.
« Celle la de corde, il faut que tu l'accroche à la demoiselle, genre la main parce que le taille ce sera compliqué. »
L'adolescent commença à ramper sur la glace, tandis que les spectateurs tenaient la corde. Baptist était sur le pont, donnait ses instructions au jeune en observant le comportement de la glace.

L'ancien médecin se rendait bien compte que l'adolescent n'était pas vraiment rassuré et que c'était une mission périlleuse où forcément, il y avait une risque pour lui. Mais il se sentait aussi porter par le regard des Tramorians amassé près de lui dont certains lui lançaient quelques mots d'encouragements lorsqu'il se stoppait en entendant la glace craquer. Baptist retenait son souffle aussi. Il n'était pas habitué à des situations extrêmes comme cela mais il fallait croire qu'en ce moment, c'était la mode. Après la jeune femme à qui il avait évité de brûler vive, c'était au tour d'Amanda de bénéficier du sang froid et de l'esprit d'initiative de Baptist pour ne pas mourir. L'homme regardait l'adolescent qui galérait pour accrocher la corde au poignet d'Amanda. Il s'y prenait comme un manche et cela désolait presque Baptist mais il ne fit aucun commentaire et lorsqu'il vit la jeune femme remonter sur la glace, il était soulagé mais le plus dur restait à faire. La glace était trop fragile pour leurs poids et elle pouvait céder à tout moment. Bon au moins, elle était sortie de l'eau mais semblait très fatigué et l'ancien médecin n'était pas sûr qu'elle puisse arriver seule jusqu'à la rive.
« Gamin, je sais que t'as fait beaucoup d'efforts mais il va encore falloir en faire un. Tu va ramper jusque la rive tranquillement. Si tu faiblis, ils te tireront jusqu'à la rive. »
Il fit un signe de la tête aux personnes présents sur la rive qui avaient compris. L'objectif était de le faire rapidement mais sans briser la glace. Lorsque l'adolescent serait sur la rive, les habitants tireront alors la seconde corde, celle de la demoiselle pour la ramener sans difficulté sur la rive.

Ah, dit comme cela, ça avait l'air simple mais Baptist savait que cela serait plus compliqué et surtout, il faudrait aller vite parce que le demoiselle était frigorifié. Le garçon commença à ramper mais cela semblait assez difficile pour lui et il s'arrêta tous les deux mètres. Bon, ce n'est pas comme ça qu'ils y arriveraient. Il fit alors signe aux personnes sur la rive, de le hisser. Le risque était que le pull du garçon ne lui couvre pas la peau et que la glace le brûle mais cela serait rien comparé à la demoiselle. Après plusieurs efforts, le gamin était sur la rive et les habitants attrapèrent alors l'autre corde pour hisser la jeune femme. Mais avec l'eau, elle pesait au moins une tonne et cela était compliqué. Baptist quitta son poste d'observation et attrapa la corde pour donner un second souffle et ainsi aider les personnes. Quelques secondes plus tard, il attrapait la main de la demoiselle et la hissait sur la terre ferme. Chacun prit quelques secondes pour applaudir cet homme qui venait de sauver la vie de la demoiselle. Un voisin avait apporté des couvertures. Tandis que l'un d'eux s'occupait du garçon, Baptist était inquiet de la santé de la jeune femme. Elle était en hypothermie et il faudrait l'évacuer rapidement.
« Il va falloir que vous retiriez tous vos vêtements et ensuite on fera en sorte de vous réchauffer. »
Evidemment, se mettre nu n'était peut-être pas très agréable surtout si elle était pudique mais c'était essentiel pour sa survie. Il attendit alors son approbation pour l'aider à enlever ses vêtements et la mettre dans plusieurs couvertures.
« La prochaine fois, allez à la patinoire de Tramore pour faire du patin à glace, y'aura moins de risque.
- Vous êtes … obligé de me faire … la morale maintenant ? »
Les situations d'urgences, Baptist connaissait cela avec son ancien métier de médecin. Souvent, lorsqu'un patient arrivait jusqu'à lui, c'était qu'il était en mauvais état et qu'il fallait alors fait vite. Chirurgien de renom, il passait alors beaucoup de temps au bloc opératoire. Entre les moments de stress intense, les gouttes de sueur, les longues heures de concentration et surtout l'esprit d'équipe qui régnait dans la pièce à ce moment là, restaient en lui les meilleurs souvenirs de son métier. Et il ne pouvait malheureusement pas revenir en arrière. C'était drôle mais ce moment là, il avait l'impression d'être à nouveau ce médecin et de ressentir les mêmes sensations. Et cela lui plaisait terriblement. Il savait que ce n'est pas le genre de choses qu'il faudrait dire à la victime lorsqu'elle serait tiré d'affaire. Mais il avait la même adrénaline que lorsqu'il faisait une opération, le même stress, et la même détermination à réussir. Grâce à son charisme et à son aplomb, il avait réussit à fédérer tous les gens autour de lui et lorsqu'il reçu les applaudissements de tout le monde, il se sentait fier, autant que lorsqu'il réussissait une opération à risque et que ses collègues venaient les féliciter à tour de rôle. Son sourire trahissait son bonheur mais pas question alors de saluer la foule alors que la demoiselle n'était pas encore sortie d'affaire. Elle était frigorifié et les pompiers n'étaient toujours pas en vue. Ave cette satané neige, il allait encore devoir gérer et il lui fila un coup de main pour retirer ses vêtements malgré sa réticence. Il n'en avait rien à faire de la voir à poil et il en avait vu d'autres. C'était uniquement pour elle qu'il disait cela et elle semblait s'en rendre compte. Quelques secondes plus tard, elle était en sous-vêtements, enroulé dans plusieurs couvertures et elle semblait retrouver des couleurs. Il sourit lorsqu'elle lui reprocha de lui faire la morale. En tant que médecin, il aurait jamais dit cela mais il était maintenant qu'un simple SDF qui tentait de finir sa formation de détective. Mais il était resté sur un ton humoristique mais il comprenait aussi que la situation ne le prêtait pas.
« Merci. Je crois que je vous serais éternellement reconnaissante pour ce que vous avez fait. »

Autour de lui, les gens s'étaient rapprochés pour voir comme allaient la demoiselle mais Baptist leur avait immédiatement demandé de lui laisser de l'air et qu'il ferait mieux de se rendre utile en allant du côté de la route pour voir si les pompiers arrivaient ou de s'occuper du jeune homme qui avait fait preuve de beaucoup de courage.
« Je pouvais pas priver les garçons de votre âge de vous, ça aurait été inhumain. »
Baptist n'avait jamais été fan des compliments et surtout il était tout ce qu'il y a de plus modeste. Aussi, il avait tourné cela sous le ton de la dérision pour ne pas se mettre à rougir. En tout cas, la jeune femme était sortie d'affaire et c'était bien le principal.
« J'sais pas ce que foutent les secours mais je vous laisserais pas partir tant qu'ils seront pas là. Il faut que vous alliez à l'hôpital pour faire des examens complémentaires. »
Plusieurs minutes après, les pompiers arrivèrent enfin et prirent en charge de la demoiselle. Elle était saine et sauve grâce à Baptist.

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