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 Chapitre dix-sept : Un week-end entre hommes

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Marion
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MessageSujet: Chapitre dix-sept : Un week-end entre hommes   Chapitre dix-sept : Un week-end entre hommes I_icon_minitimeVen 16 Oct - 20:27






Chapitre dix-sept

Un week-end entre hommes



Ce n'était pas comme cela qu'il avait envisagé les retrouvailles avec son ex-femme et pourtant, il ne pouvait plus reculer à présent. Cela faisait trois mois qu'il était sorti de prison et un mois qu'il avait retrouvé son fils et pourtant, il n'avait encore pas parler à Maddie. C'était même elle qui avait pris l'initiative et on ne pouvait pas dire que ce soit une bonne chose, bien au contraire. Devant la porte, il hésitait encore. Il pouvait toujours prendre ses jambes à son cou et prétexter qu'il avait eu trop de boulot. Mais ce n'était pas sérieux. Elle lui en voulait d'avoir révéler à leur fils la vérité sur sa naissance et il avait pris une branlée au téléphone, autant dire que cela allait continuer mais qu'importe. Il fallait bien passer par là. Il sonnait et ce fut Maddie qui vint lui ouvrir. Sans même le saluer, elle montra ses griffes instantanément.
« T'avais pas le droit de lui dire
- Bordel, Maddie, il est en droit de savoir, il est assez grand pour comprendre
- Assez grand ? Tu sais ce qu'il a fait en rentrant à la maison ? »
Baptist avait alors penser qu'il allait la harceler de questions, ne pas lui parler du tout, s'enfermer dans sa chambre et l'ignore mais jamais il n'aurait pensé que son fils puisse lever la main sur sa mère. Baptist avala difficilement sa salive comprenant alors qu'il avait peut-être fait une erreur en lui disant ou peut-être en lui cachant. Il s'en voulait mais il en voulait aussi à son fils. Il lui avait promis de ne rien faire contre sa mère, il lui avait promis de garder cela pour lui et quelques jours auparavant, au stade, il s'était montré convainquant. Alors pourquoi est ce qu'il avait fait cela ?

Evidemment, la conversation avait rapidement dévié. Elle lui avait reproché de vouloir monter son fils contre elle pour le récupérer. Ah si elle savait qu'il était le premier à la défendre auprès de Nate, elle serait certainement surprise. Le ton était monté et Maddie avait fini par s'effondrer en larmes, incapable de prendre le dessus sur son garçon de dix ans. Baptist avait alors passé presque une heure dans la salon de Maddie et ils avaient parlés. Il lui avait proposé alors de partir quelques jours avec Nathan au ski pour l'éloigner un peu de Waterford. A contre coeur, elle avait fini par accepter et Baptist savait que ce serait l'occasion d'avoir une discussion avec son fils. Il l'avait déçu et il comptait bien remettre les pendules à l'heure.

Maintenant, ils étaient dans le train qui les emmenaient à Limerick. Baptist n'ayant pas de voiture, c'était le moyen de transport le moins cher. Le wagon était presque vide et il faisait face à son fils. Son air grave et silencieux contrastait avec l'état sur-excité de son fils. Pourtant, c'était le moment d'avoir une discussion. Ils devaient en parler, crever l’abcès pour ensuite passer de bonnes vacances. « Nate, assieds toi correctement et calme toi s'il te plait, il faut que je te parles »
Aie, cela ne présageait rien de bon surtout avec le ton assez dur de Baptist.
« Tu m'avais promis de garder cela pour toi, hein ? J'ai cru que tu avais compris que c'était important que tu te tienne à carreaux mais non, y'a fallu que tu fasse des tiennes. Tu cherches quoi ? Qu'elle t'envoie en pension ? Qu'elle te ramène à Londres. Bordel, Nate, tu cherches quoi ? »
Il avait élevé un peu la voix au fur et à mesure. Il avait l'habitude que son fils baisse les yeux et se sente coupable. S'il agissait ainsi, ce serait finit en deux secondes mais Nathan ne semblait pas décidé à s'écraser, pas cette fois.
« A lui donner ce qu'elle mérite. Toi tu pardonnes tout mais je ferais pas comme toi. Elle avait pas à te tromper, à te mentir ni à se comporter comme elle l'a fait avec nous. Je la déteste et ça changera pas. Et si elle me ramène à Londres, je partirais, je resterais pas avec elle. Pareil si je dois aller en pension, j'y resterais pas. De toutes façons, elle sait faire que des enfants, les élever c'est autre chose et toi, t'es bien placé pour pouvoir le dire. Et si tu veux pas lui remettre les points sur les i, moi je le ferais. »
Baptist n'aurait jamais pensé du calvaire que Maddie avait pu vivre à Londres. En effet, il se doutait bien que son fils avait été compliqué à gérer et qu'il aurait fait des siennes mais pas à ce point là. Le jeune garçon s'était bien gardé de lui avouer toutes les bêtises qu'il avait pu faire pour punir sa mère d'avoir quitter Waterford et d'avoir abandonné son père. Et au final, il avait eu raison de la patience et de l'amour de Maddie vu qu'il était de retour en Irlande. Son ex-femme s'était bien gardé de tout lui raconté aussi. Certainement parce qu'elle ne voulait pas que Baptist pense qu'elle était une mère indigne, incapable de gérer un gamin de dix ans et qu'elle ressemblait de plus en plus à ses propres parents. Mais là, le garnement était allé trop loin et Maddie avait alors pensé que le responsable était Baptist. Leur retrouvailles n'avaient été qu'une grande dispute et l'homme avait compris qu'il devait avoir une discussion avec son fils. Jamais il ne permettrait à Nate de lever sa main sur un adulte et encore moins sur sa mère.

D'ailleurs, depuis le début du voyage, Baptist semblait songeur et silencieux. Il n'aimait pas avoir à disputer son fils. En règle général, lorsque le garçon avait fait une bêtise, son père s'asseyait sur son lit et il se contentait de lui parler d'un ton clame mais ferme. Nathan ne lui avait jamais tenu tête, bien au contraire. Rapidement, il baissait les yeux, acceptait la punition et s'excusait même de suite auprès de son père. Baptist n'était jamais longtemps fâché contre sa progéniture et même souvent, le lendemain matin, il venait le réveiller avec son chocolat chaud pour lui faire comprendre que c'était terminé. Les deux hommes avaient beau être aussi têtu l'un que l'autre, il y avait aussi trop de respect entre eux pour que cela se passe différemment. Pourtant aujourd'hui, son fils était aller plus loin, trop loin et le ton risquait de monter assez rapidement, surtout si son garçon commençait à lui tenir tête.
« Tu parles de ta mère Nathan, alors un peu de respect s'il te plait
- Du respect... Tu te fout de moi là... Après ce qu'elle t'as fait tu prends encore sa défense? Maddie le mérite pas, arrête de le croire. »
Il semblait vraiment remonté et aucun doute que cela n'allait pas se passer en douceur. Pour Baptist, son fils, c'était toute sa vie. Lorsqu'il était né, il avait de suite été son rayon de soleil. Il voulait prouver à ses parents et se prouver aussi qu'on pouvait être un bon père en étant présent pour son fils, en lui permettant de se faire des amis, en le laissant donner son avis et s'affirmer. Baptist s'était appliqué à mettre ses idées en application dès le plus jeune age de Nate. Celui-ci pouvait alors faire sa liste de cadeaux pour noël, choisir un jouet lorsqu'il le méritait, décider s'il préférait du poisson ou de la viande lorsqu'ils allaient manger au restaurant et dire s'il préférait la fraise ou la vanille pour sa glace. Il ne lui imposait presque rien tant que l'enfant respectait les limites implicites imposés par son père. Lorsque ce n'était pas le cas, il le recadrait, gentillement, sans élever la voix et l'enfant revenait dans le "droit chemin". Avec lui, Nathan avait toujours été sage comme une image. Des fois un peu trop hyperactif, des fois un peu grognon, des fois un peu trop dissipé mais il restait un enfant qui a besoin de se dépenser. Au final, lorsqu'il faisait son bilan, Baptist était fier de ce qu'il avait réussi à inculquer à son fiston et il ne tarissait pas d'éloges lorsqu'il avait Lors ou Simon au téléphone.

Pourtant aujourd'hui, il avait endossé une autre facette de son rôle de parent. Ce n'était pas vraiment celle qu'il préférait mais il savait aussi qu'il n'avait pas le choix. Pourtant, il n'avait pas prévu ce voyage pour cela. Au départ, il voulait vraiment faire plaisir à son fils et partager quelques jours avec lui, à skier comme il le faisait en colo lorsque Baptist était petit. Il avait réservé une chambre dans un chalet avec piscine chauffé et bain à remous pour se détendre après une journée d'effort. Pour lui offrir cela, il avait beaucoup économisé, il s'était beaucoup privé mais cela en valait la peine. Il voulait pouvoir offrir le restaurant à son fils et accepter de lui payer ce qu'il demandait. Non, Nathan n'était pas un enfant gâté et il savait faire la part des choses et savait s'arrêter lorsqu'il en demandait trop. Mais Baptist savait aussi que pendant ces trois jours, il serait incapable de lui refuser quoi que ce soit. C'était leurs premiers jours tous les deux, sans personne pour troubler ce moment. Il avait même hésiter à repousser cette discussion et l'avoir en fin de séjour. Mais il ne voulait pas que son fils rentre chez lui déçu. S'ils avaient une discussion maintenant, après, l'un comme l'autre serait capable d'oublier pour passer des bons moments. Leur relation est trop forte pour qu'ils soient rancunier envers l'autre et qu'ils laissent des mots les séparer à nouveau.

Pourtant, pour l'instant, le père comptait bien réprimander son fils malgré les regards des quelques autres passagers qui étaient dans le wagon. Peu lui importait le regard des autres, il faisait ce qui lui semblait juste. Et là, il voulait juste que Nate comprenne que ce qu'il avait fait était totalement inadmissible.
« Ce sont des histoires d'adultes et cela ne te regarde pas. Si y'a des choses à régler, elles se règlent entre Maddie et moi. Toi tu n'as pas ton mot à dire.
- C'est vrai, j'ai jamais mon mot à dire, j'ai supplié Maddie de pas m'emmener, de rester ici, de garder Kazan, mais ce que je veux, ça compte jamais. J'ai plus envie de devoir me taire sur tout ce qui me plait pas, sous prétexte que j'ai que dix ans et que je dois vous suivre alors que vous, quand vous n'êtes pas d'accord avec ce que je fais, vous n'hésitez pas à l'ouvrir...
- Ce qui s'est passé entre ta mère et moi ne te regarde pas. Tu n'as pas à te mêler de nos affaires et si cela ne te plait pas comme je gère ma vie, c'est pareil, tu n'a pas ton mot à dire. »
Bien sûr, cela le regardait quand même un peu mais il ne connaissait pas toute l'histoire, il ne connaissait pas l'enfance qu'avaient vécu ses parents et rien que pour cela, Baptist trouvaient ses propos déplacés.
« Ah oui et tu vas faire quoi ? Dois-je te rappeler que tu n'a que dix ans ? Tu crois que c'est facile de vivre dehors, sans maison, sans boulot et sans rien à manger ?
- Je me débrouillerais. J'ai plus envie de me laisser faire et d'obéir à ce qu'elle a décidé. Ca ne marchera plus. J'irais chez toi, chez Neal, chez Célian, chez tout le monde mais plus chez elle. Je veux plus la voir. »
Et là, il savait très bien de quoi il parlait vu que c'était plus ou moins son cas. Il avait déjà réussi à trouver du boulot mais il n'avait pas de logement fixe et il galérait toujours autant pour manger à sa faim.
« Tu baisses le ton avec moi, ça prend pas, tu sais bien. Si tu veux crier, je peux crier encore plus fort que toi. »
On voyait dans ses yeux que Baptist ne rigolait pas et qu'il était vraiment énerver.
« Ah oui ? Et c'est en la giflant que tu penses remettre les points sur les i ? C'est comme cela que je t'ai élevé ? Je te rappelle que c'est ta mère, que tu le veuille ou non et t'as intérêt à aller t'excuser dès notre retour.
- T'appelles ça une mère, toi? Peut-être qu'elle l'a été pendant deux semaines... Mais c'est pas assez en dix ans. Et puis, j'appelle pas ça une mère moi, elle nous a fait trop de choses et je comprends même pas comment toi tu peux avoir envie de la respecter. Elle l'a pas fait avec toi pourtant...»Lui qui d'ordinaire avait tendance à toujours privilégier la parole, à écouter son fils, aujourd'hui, il était trop en colère pour lui laisser le temps de s'expliquer. Et le fait que son fils lui tienne tête de la sorte au lieu de baisser les yeux et se taire, n'aidait pas. Il n'était pas habituer et ne savait pas tellement comment agir. Il perdait tous ses moyens. « Ah oui ? Et comme tu peux pas l'ouvrir, tu te permet de frapper ta mère ? N'essaye pas de te chercher des excuses. Elle a ses tords mais elle n'a jamais levé la main sur toi. Tu as dix ans et je t'ai jamais permis de frapper quelqu'un et encore moins ta mère. »
Lui qui d'ordinaire avait tendance à toujours privilégier la parole, à écouter son fils, aujourd'hui, il était trop en colère pour lui laisser le temps de s'expliquer. Et le fait que son fils lui tienne tête de la sorte au lieu de baisser les yeux et se taire, n'aidait pas. Il n'était pas habituer et ne savait pas tellement comment agir. Il perdait tous ses moyens.
« Ah oui ? Et comme tu peux pas l'ouvrir, tu te permet de frapper ta mère ? N'essaye pas de te chercher des excuses. Elle a ses tords mais elle n'a jamais levé la main sur toi. Tu as dix ans et je t'ai jamais permis de frapper quelqu'un et encore moins ta mère.
- Je m'excuserais pas !!! »
C'était volontairement qu'il disait ta mère au lieu de Maddie parce qu'il fallait vraiment que Nathan se mette cela dans le crâne. Il n'avait pas le choix, Maddie était sa mère qu'il le veuille ou non.
« C'est pas ma mère. Elle l'a jamais été et je la laisserais pas le devenir. C'est juste celle qui m'a mis au monde, tu l'as dit toi-même, c'est toi qui m'a élevé, elle était pas là pour t'aider. Je suis même pas sûr qu'elle voulait de moi.
- Tu crois que c'est comme cela que ça fonctionne ? Elle ne te laissera pas faire et elle serait capable de prévenir les flics qui te ramènerait chez elle ou qui finirait par t'envoyer en pension. Et après on pourra plus se voir.
- T'étais le seul qui voulait que je sois bien, pour qui je comptais vraiment, et quand elle est partie avec moi, c'était pour m'enlever ça. Regarde maintenant, y'a que son nouveau compagnon qui compte, moi je dois rester avec la baby-sitter. Et si elle veux m'envoyer en pension, c'est pour plus que je sois dans ses pieds.
Si en plus, elle décide que c'est de ma faute ton comportement, elle peut demander à ce que je restes éloigné de toi.
- Je leur dirais que c'est pas de ta faute... Et que je préfère être avec toi qu'avec elle. Je veux plus qu'on nous sépare et j'espère que tu les laisseras pas faire...»
Maddie n'en était pas capable mais les parents de celle-ci oui et ça Baptist le savait bien. Il avait plus que tout peur qu'on lui enlève son enfant.
« Et toi arrête de te mêler de ce qu'il ne te regarde pas, hein ? Tu ira t'excuser et là dessus, pas question de discuter. Que tu ne sois pas d'accord, que tu sois en colère, cela peut se comprendre mais ce que t'as fait, c'est inadmissible. Ca, va falloir que tu le comprenne.
- C'est sûr, mon avis compte plus maintenant que je sais pour toi et elle, tu dois plus faire semblant de t'intéresser à ce que je pense. Ca a plus d'importance pour toi.»
Silence
« T'es pas mon père, Baptist, alors arrête de te mêller de comment je traite Maddie. C'est pas tes affaires. »
La gifle était partie toute seule sans même qu'il ait le temps de penser, sans même qu'il ait eu le temps de retenir sa main. Cette sensation lorsque votre corps prend le pas sur votre cerveau, le moment où un geste, une parole apparaisse avant même qu'on en ait conscience. On dit bien de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler mais pour un geste, il faut faire quoi ? Sur le coup, cela aurait été bien utile à Baptist mais maintenant, c'était trop tard. Sans aucune retenue, sa main s'était abattue sur la joue de Nathan et autant dire que cela n'allait certainement pas faire du bien au garçon. Surtout qu'il ne devait pas s'y attendre. C'était certainement la première fois que Levingston giflait ou frappait quelqu'un avec cette force là, sans prévenir, cela avait bien claqué. Il faut dire qu'il n'aurait jamais imaginé son fils lui dire qu'il n'était pas son père et qu'il avait juste le droit de la fermer. La phrase de trop pour un père qui s’est toujours donné à cent pour cent pour son fils et qui aujourd’hui avait perdu son sang froid, avait perdu sa patience après avoir perdu ses moyens pour tenter de lui faire regretter ce geste qu’il avait sur sa mère. C’était assez ironique sachant que la main de Nathan sur la joue de Maddie avait du partir aussi vite que celle de Baptist sur la joue de son fils. Sa plus grande peur avait toujours été de perdre son fils et c’est cette frustration qui l’avait conduit à le gifler. Mais autant dire qu’il n’en était pas fier. Il s’était alors laissé tomber sur son siège et n’entendait même plus la suite des paroles de Nathan. Cela avait mis un froid dans le wagon et Baptist se sentait vraiment mal. Il se décida alors à se lever. Un homme, assis de l’autre côté du couloir se leva pour se poster devant l’ancien taulard.
« Vous n’avez pas honte de gifler cet enfant ? »
Evidemment qu’il en avait honte mais ça, il ne comptait pas le dire et encore moins devant cet inconnu. Sans aucun ménagement, Baptist le poussa pour l’écarter du passage et l’homme tomba comme une merde sur le fauteuil. Pour l’empêcher de revenir à la charge, Baptist lui lança sur un ton qui n’appelait aucun commentaire.
« Dégage tête de con »
Baptist vulgaire ? C’était relativement rare mais il n’était vraiment plus dans son état normal. L’homme attendit que Baptist sorte de son champ de vision pour ne pas taper un scandale et se dirigea vers l’enfant.
« Ca va mon petit ? Tu veux que j’appelle la sécurité ?
- Non... Je veux juste qu'on me laisse tranquille.»
Que j’appelle la sécurité pour te débarrasser de ce père indigne. Cela n’était pas dit haut et fort mais c’était largement implicite dans sa phrase pour le comprendre. Il ne devait pas avoir digérer de ce faire remettre à sa place de la sorte. Il appuya sur le bouton pour ouvrir la porte du wagon et se diriger vers le prochain. En passant dans les couloirs, il titubait, il avait des vertiges et des hauts le cœur. Dès qu’il passa à côté de toilettes, il entra à l’intérieur et s’assis sur la cuvette sans se déshabiller. Il prit sa tête dans ses mains et les larmes coulèrent d’elle-même. Il pensait avoir perdu son fils, qu’ils ne parviendraient pas à recréer ce lien de complicité qu’ils avaient avant la prison. En même temps, depuis le retour de Nathan à Tramore, ils avaient enchainé les disputes, sans oublier les révélations qu’avait du subir le petit, la présence quotidienne de Maddie à ses côtés, les absences de Baptist lors de ses matches. Entre eux, c’était différent mais maintenant, l’homme pensait avoir tout gâché. Encore. De toute façon, il faisait conneries sur conneries en ce moment et autant dire qu’il ne supporterait un départ volontaire de Nate. Il ne savait pas depuis combien de temps, il était prostré de la sorte lorsqu’on frappa à la porte.
« Ca va Monsieur ? »
La voix était féminine, inquiète mais Baptist n’était pas en état d’être sympa.
« Foutez moi la paix »
Il resta encore plusieurs minutes comme cela jusqu’à ce que son cœur se calme, que sa tête arrête de tourner. Il s’aspergea alors le visage d’eau fraiche avant de s’essuyer avec le bas de son sweat. Il devait avoir une sale tronche mais il s’en fichait pas mal.

Avant de retourner à sa place, il fit un détour par le wagon bar et revint à sa place avec deux verres. Il marchait avec les yeux en direction du sol, tellement honteux d’avoir oser lever la main sur son fils. Il posa un verre devant l’enfant. Le verre contenait de la grenadine, la boisson préférée de son fils et il y avait une paille.
« Bois doucement avec la paille, va pas t’étrangler. »
Nate ne savait pas boire à la paille lorsqu’il était petit, vu qu’il buvait toujours trop vite, trop impatient de finir son verre avant les autres. Baptist s’installa en face de l’enfant et posa son propre verre sur la table. Il ouvrit le sachet de m&ms qu’il avait acheté et le poussa vers son fils. C’était sa façon à lui de tenter une approche de réconciliation mais il ne savait pas si son fils arriverait à lui pardonner.
« Si tu ne veux pas passer ces trois jours seuls avec moi, je le comprendrais. Tu me le dis, on s’arrête à la prochaine gare et on fait demi-tour. »
La balle était dans le camp de Nate.
« Je veux pas retourner à la maison. Je te demande pardon... Je pensais pas ce que je t'ai dit. J'étais juste fâché que tu veuilles pas essayer de m'écouter. Avant, tu le faisais toujours. »

Lorsque la peine de mort à été aboli, beaucoup se sont dit que la prison pourrait permettre aux hommes de se repentir, de réaliser la gravité de leurs actes et de leur laisser une chance de s'en sortir, de devenir des hommes meilleurs. Mais est ce que vraiment le genre d'individus qui commettent des crimes ou des délits assez graves peuvent de sortir de leurs démons et reprendre une vie normale sans jamais recommencer. Est ce que ce n'est pas leur véritable nature qu'ils ont laissé ressortir et qu'il ne peuvent désormais plus enfouir au plus profond d'eux. Beaucoup d'étude et de débats ont été traités sur ce sujet. La prison peut-elle changer un homme. Mais jusqu'à présent, les avis divergent toujours entre les gens. Des exemples et des contres-exemples peuvent être évoqués et aucune réponse ne sera jamais universel sur le sujet.

Mais cette question est aussi présente lorsqu'il s'agit d'erreur judiciaire. Le nombre de personnes qui ont été emprisonnés à tord pendant une semaine, un mois ou des années est encore trop important et leur vie a basculé le jour où ils ont été condamné coupable. Pour Baptist, cela n'était pas réellement une erreur judiciaire. Disons plutôt qu'il a subi des pressions et des menaces et qu'il n'a pas eu vraiment le choix. Lorsque la sentence a été prononcé, il trouvait cela plutôt clément et il pensait alors que ça passerait vite et que trois ans après, il pourrait reprendre sa vie d'avant. Mais rien n'avait fonctionné comme cela et trois ans après, il n'était plus le même homme et sa vie n'était plus la même. Au fond de lui, cette terrible épreuve avait été plus dure que ce qu'il voulait admettre et il se rendait alors peu à peu compte qu'il garderait des séquelles à vie de son incarcération. Avant cela, jamais il n'aurait fait l'amour avec une femme en pleine nature, jamais il n'aurait pu vivre dans la rue ou dormir à même le sol, jamais il n'aurait pu passer autant de jour seul avec son chien en appréciant cela et surtout jamais il n'aurait pu gifler son fils. Oui mais voilà, ça s'était avant. Et autant dire que, lorsqu'on le voit, on peut alors répondre que oui, la prison peut changer un homme mais pas forcément en bien.

Plus solitaire, plus méfiant, il perd aussi beaucoup plus facilement son sang froid mais surtout, il a beaucoup de mal à se ré-intégrer à la société actuelle même s'il a tout pour être heureux. L'abandon de ses parents, de sa femme, la disparition de son fils, puis d'Eléa et Célian, les heures d'interrogatoires, de procès, les journées seuls dans une cellule, les moqueries et les coups de ses compagnons de galère, la bouffe complètement infecte. Personne ne peut se rendre compte de ce qu'un homme peut vivre derrière les barreaux mais autant dire que cela n'aide pas forcément à se construire. Baptist s'est toujours senti fort, il a toujours résisté, il a toujours relevé la tête, il a toujours pensé qu'une fois qu'il serait sorti, ce serait terminé mais aujourd'hui, il sentait bien qu'à force d'encaisser, cela se retournait contre lui aujourd'hui. Et il comprenait que ce n'était que le début. C'était son fils qui trinquait. C'était tellement injuste et il s'en rendait compte.

Il n'eut même pas le cœur de sourire lorsque son fils lui assura qu'il voulait toujours passer ces jours avec lui. Les deux verres n'avaient pas bougés de la table et Nate n'avait pas touché aux bonbons alors qu'il adorait cela en temps normal. L'un comme l'autre n'avaient pas le cœur à rire, à s'amuser et à se sourire alors qu'avant, rien ne pouvait gâcher un moment de complicité entre eux. Baptist savait que tout était de sa faute et il comprenait que son fils avait beaucoup de mal à se faire à cette nouvelle vie. Pourtant, il fallait se rendre à l'évidence, rien ne serait plus jamais comme avant et ils allaient devoir réapprendre à se connaître et faire renaître cet amour entre eux deux. Baptist écouta son fils en ayant toujours les yeux baissés. Il avait été seul pendant trois ans et maintenant, il avait du mal à accepter trop de présence à ses côtés. Même s'il aimait son fils, même s'il appréciait Jordane, c'était beaucoup de changements dans sa vie et il fallait lui laisser le temps de s'adapter. Il avait trop l'impression d'être largué, qu'il avait beaucoup de mal à se mettre à la place de son fils. Lui qui n'a jamais été égoïste, aujourd'hui, il veut juste qu'on lui foute la paix et il veut aller mieux. Pourtant, il sait aussi que tant que son fiston sera malheureux, Baptist ne pourra pas être heureux. Il a besoin de lui, de son soutien, de sa patience, de sa compréhension mais cela n'était-il pas trop difficile pour ce petit gamin de dix ans ? N'est ce pas trop lui demander ? Pourtant, autant dire qu'il fait des efforts et qu le fautif dans l'affaire, c'est Baptist.
« J'ai l'impression de tout faire de travers depuis que je suis sorti de prison, j'ai l'impression que rien ne sera plus jamais comme avant, que ma vie est en train de m'échapper et j'arrive pas à la retenir. J'ai l'impression de pas être à la hauteur
- Pourquoi tu ne peux plus être celui que tu étais? C'est lui que je voulais retrouver. Je sais que t'as un nouveau travail, Jordane, un enfant de toi qui va arriver, et que du coup tu reviendras plus jamais vivre à la maison, que rien ne sera plus jamais comme avant, mais même si je suis pas vraiment ton fils, j'aurais voulu continuer à avoir droit au père que tu étais. Il me manque. »
Il avait l'impression que son corps était toujours le même mais que son cerveau était à des années lumière. Des fois, il avait même l'impression d'être étranger à la scène. Même lui, il ne se reconnaissait plus alors cela était normal que ce soit difficile pour un enfant.
« J'ai été trop loin là Nathan, mais je te promet, je vais me faire aider, je crois que j'en ai besoin. J'ai tellement peur de te perdre, de perdre ton amour. T'es la personne la plus importante pour moi et je te fais souffrir. Je suis impardonnable mais je ferais tout pour qu'entre nous cela s'améliore. Je t'aime.
- Quand on est en colère, on va toujours trop loin.»
C'était tellement rare de l'entendre sortir ces mots là mais il en avait besoin. Il attendait peut-être trop de la part de Nate. Gale avait raison finalement, il devait se faire aider et pour son fils, il le ferait même si cela lui coûtait. Seul, c'est impossible. Baptist s'en voulait terriblement d'avoir eu ce geste d'humeur face à son garçon mais il comprenait par les mots de Nate que celui-ci lui pardonnait, lui offrait une seconde chance et il comptait bien ne pas la gâcher. « C'est vrai qu'on peut faire des choses qu'on regrette mais je regrette aussi de ne plus être autant à l'écoute qu'avant. Mais tu peux me confier tes problèmes, me dire quand cela ne va pas, me dire toutes les questions que tu te pose et moi, j'essayerais d'être de bons conseils, comme avant. Si tu as peur de quoi que ce soit comme de retourner en Angleterre, l'arrivée de l'enfant, ma nouvelle vie avec Jordane. Tu peux m'en parler et je te jure de te répondre calmement et d'essayer de te comprendre. » Il lui adressa alors un sourire.
« Tu m'as fais peur... J'aime pas te voir en colère contre moi et avoir l'impression que tu me détestes comme tout à l'heure.
- Jamais je pourrais te détester Nathan, tu es mon fils, la personne que j'aime le plus au monde et même si des fois je suis un peu en colère, jamais je te détesterais. »
Ce n'était pas de la volonté qui manquait à Baptist. Pour preuve, il allait toujours voir jouer son fils avec autant d'enthousiasme et il espérait vraiment que l'enfant puisse réaliser son rêve et entrer dans un collège avec sport étude pour finir professionnel, il se privait pour faire plaisir à Nathan avec ce week-end au ski ou le maillot de l'équipe d'Angleterre qu'il lui avait acheté quelques semaines auparavant. Mais en parallèle, il avait quelques démons qui faisaient maintenant partie de son corps, de son esprit, de son âme et dont il devrait apprendre à vivre avec. Mais c'était de plus en plus difficile et il se rendait bien compte que cela ne devait pas être facile pour son fils. Il apprenait qu'il n'était pas le fils de Baptist, ce père qu'il idolâtrait tant, qu'il allait bientôt avoir une petite soeur qui serait elle la vraie fille de Baptist. Certes, l'homme n'avait pas la même réflexion que son enfant et il n'arrivait pas à imaginer toutes les questions que Nate se posaient en ce moment. S'il était plus attentif, plus cool et plus attentionné, comme il l'était avant, aucun doute qu'il comprendrait cela mais pour l'instant, c'était impossible. Mais comment lui expliquer que la prison l'avait traumatisé, lui avait laissé des blessures invisibles. Comme lui dire qu'il s'était fait taper dessus plusieurs fois en trois ans, qu'il avait même subies des violences sexuelles ou psychologiques ? Il ne voulait pas briser l'innocence de son fils et il savait lors qu'il devait se taire, continuer de tout garder pour lui. « Nate, ni Jordane ni ton petit frère ou ta petite soeur ne pourront nous séparer. L'arrivée de cet enfant ne changera rien entre nous et il n'est pas responsable de mon comportement. Ce n'est pas parce qu'il va arriver que j'ai moins envie de m'occuper de toi ou que je tiens moins à toi. » Il se rendait compte alors de ce que pouvait penser le jeune garçon et il redevenait en quelques secondes ce père observateur et attentif à son fils. Il se rendait alors compte de la souffrance de Nate et il se sentait terriblement responsable de cela. Il n'y avait pas de relations entre la grossesse de Jordane et cette annonce comme quoi il n'était pas le véritable père de Nate mais il comprenait que l'enfant ait pu faire l'amalgame.
« Je t'interdis de dire que tu n'es pas mon fils »
Il n'y avait pas de colère ou de méchanceté dans le ton de sa voix, juste l'envie de convaincre Nate que cela ne changeait rien à ses sentiments.
« Tu le sera toujours et je serais toujours ton père même si des fois tu me déteste, même si des fois tu m'en veux. Et c'est certainement que le début, tu verra quand tu fera ta crise d'adolescence, t'aura certainement encore pleins de choses à me reprocher. »
Il avait tenter de tourner cela sous forme de dérision et il voulait lui faire comprendre que les liens du coeur sont plus importants que les liens du sang.
« Je te propose quelque chose: tu te fais aider et moi, j'essayerais de plus te mettre en colère à cause de Maddie. »
Lorsque le garçon lui proposa un deal, Baptist savait qu'il allait devoir rappeler Gale, que cela lui demanderait beaucoup d'effort mais il ferait tout pour que son garçon soit heureux. Il pris alors la main de l'enfant dans la sienne.
« Tu es d'accord?
- Ca me parait un arrangement raisonnable, je suis d'accord »

© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart


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Chapitre dix-sept : Un week-end entre hommes
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